mardi 31 juillet 2007

Festival de Stratford - Jour 1

Me voici arrivé, depuis hier, dans la petite ville de Stratford, en Ontario, pour une semaine d'immersion de théâtre en anglais. Je vais tenter de donner un compte rendu quotidien de mes impressions.

Au menu ce soir, la pièce d'Oscar Wilde, An Ideal Husband. Le lien ci-dessous vous conduira à la page contenant des renseignements sur celle-ci.

The Stratford Festival of Canada - King Lear, Oklahoma!, The Merchant of Venice, An Ideal Husband, To Kill a Mockingbird, My One and Only, The Comedy of Errors, Othello, Of Mice and Men, A Delicate Balance, The Blonde, the Brunette and the Vengeful Redhead, Shakespeare's Will, The Odyssey, Pentecost

Pour le synopsis :

Un mari idéal - Wikipédia

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dimanche 29 juillet 2007

Vacances

Diantre, près d'une dizaine de jours déjà passée, et sans mise à jour.

J'avoue avoir eu, surtout la semaine écoulée, la lecture vagabonde, passant de Albertine disparue, à un essai, trouvé chez un bouquiniste à Montréal, de Régis Debray, sur le théâtre, donc je brûle de parler avec mes amis théâtreux.

Et ce week-end, une vieille chose exhumée, grâce à Ebay, des années soixante, Le 36ème dessous de Pierre Daninos, que j'avais lu dans ma folle jeunesse, et dont je cherchais un exemplaire, celui que j'avais ayant disparu -- mystère ou acte réussi --, depuis que j'ai commencé à m'intéresser aux maladies du cerveau, et plus spécialement à la dépression (voir le commentaire sur La fatigue d'être soi d'Alain Erehnberg).

Et comme je pars demain pour le festival de Stratford (Ontario), j'ai dû faire quelques devoirs, dont la lecture d'Othello -- et surtout des commentaires.

J'ai bon espoir de vous revenir un peu plus tard cette semaine, cher(s) lecteur(s) -- je ne suis pas certain que le pluriel soit, hélas, indispensable, sinon à la prochaine !

lundi 23 juillet 2007

Le nouveau veillit vite

Trente ans après, que reste-t-il des « nouveaux philosophes » ? J'ai encore dans ma bibliothèque la plupart des livres d'alors de Bruckner, Glucskmann et Fienkelkraut. En revanche, il y a longtemps que BHL ne figure plus sur mes étagères.

Le Monde.fr : Rétrocontroverse : 1977, les "nouveaux philosophes"

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Nation

Je préfère ne pas toucher à la politique, mais cette analyse publiée dans Le Monde me semble tout à fait intéressante.

Je crois que le débat sur ce que constitue la nation n'est pas, au Québec, complètement épuisé (certains le sont, mais ce sont généralement des esprits chagrins, qui n'aiment point à débattre).

Quelles leçons tirer de cet article chez nous, où le cours de la souche semble en forte hausse ?

Le Monde.fr : Identité(s) nationale(s), par Jean-Paul Fitoussi

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jeudi 19 juillet 2007

Citations

Offrez-vous une pause-citation. Un florilège d'Alexandre VIALATTE.

Alexandre Vialatte - Ses citations - EVENE

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Varennes La mort de la royauté

Je suis tombé très jeune dans l'histoire de France, un épisode tumultueux comme la Révolution ne pouvait manquer de fasciner l'adolescent curieux que j'étais, même si, à la réflexion, les livres auxquels j'avais accès, à la bibliothèque du collège Brébeuf, devaient avoir une certaine couleur politique que je n'étais pas en mesure de saisir : pauvre Louis XVI, pauvre France. On a fait, depuis, du chemin.

C'est donc avec beaucoup de joie que j'ai appris le lancement, par la maison Gallimard, de la collection Les journées qui ont fait la France, qui prend dont la relève des Trente journées qui ont fait la France, dont j'avais déjà apprécié plusieurs titres.

En soi, le départ du roi, entouré de sa famille, ne constitue pas ce qu'il convient d'appeler un évènement. Il l'est devenu, et c'est ce que démontre avec beaucoup de verve Mona Ozouf. Un fait qui sera utilisé à gauche comme à droite, les arguments des uns étant souvent repris par les autres tantôt en faveur du roi, tantôt contre lui. Rien de plus fascinant que cette fabrication de l'histoire par « l'idéologisation », si j'ose ce néologisme, de la série de cafouillages que constitue l'équipée du souverain. Laquelle se retournera finalement contre lui pour aboutir à sa destitution, alors que nul, au départ, ne songeait à renverser la monarchie, puis à son procès, alors que le roi jouissait, en principe, d'une pleine immunité.

La politique, l'histoire : trame tragique.

Ce livre est donc bien plus que la relation d'un banal fait divers et ne prend la relève, s'agissant de Louis, ni de ceux qui voulaient l'excuser en en faisant une victime, ni de ceux qui voulaient l'accabler, en en faisant la source de tous les maux de la nation.

Il dresse aussi un portrait tout en nuance et en finesse de cet homme, au bout du compte, si méconnu.

Mona OZOUF, Varennes La mort de la royauté -- 21 juin 1791, Gallimard, Paris, 2005 (434 pages).

Livre: VARENNES LA MORT DE LA ROYAUTE, Mona Ozouf,

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Citation

Marcel PROUST, À la recherche du temps perdu : Albertine disparue, La Pléiade, 1989.
L’idée qu’on mourra est plus cruelle que mourir, mais moins que l’idée qu’un autre est mort ; que, redevenue plane après avoir englouti un être, s’étend, sans même un remous à cette place-là, une réalité d’où cet être est exclu, où n’existe plus aucun vouloir, aucune connaissance, et de laquelle il est aussi difficile de remonter à l’idée que cet être a vécu, qu’il est difficile, du souvenir encore tout récent de sa vie, de penser qu’il est assimilable aux images sans consistance, aux souvenirs laissés par les personnages d’un roman qu’on a lu.
Pour les grises après-midi, et pluvieuses, de juillet.

lundi 16 juillet 2007

Entre chien et loup


Absolument rétif à la renommée, ce n'est pas lui que vous verrez le plus souvent sur les plateaux ni sur les divers Top de France et de Navarre, encore moins sur les étals de ces grandes halles marchandes qui tiennent plus du souk que de la librairie (je parle pour la Nouvelle France), André Blanchard a néanmoins fait son apparition, toute discrète encore, dans Wikipedia :

France Culture
André Blanchard (écrivain) - Wikipédia

On peut échapper à la gloire, pas à l'Internet.

Le dilettante, éditeur qui nous choye, réédite ce premier recueil de carnets paru en 1989 couvrant les mois d'avril à septembre 1987. Étions-nous seulement nés, que ce soit à la littérature, ou plus généralement à la vie ?

Il ne donne pas dans le roman, ni même dans les mémoires, mais dans les carnets. Parfois même cela regarde du côté de La Rochefoulcaud, frôlant la maxime, et on aimerait le citer abondamment, mais on vous invitera plutôt à vous faire votre avis, l'été étant propice aux lectures lentes et paisibles, et non seulement aux objets à grand tirage, qui partent si vite en fumée d'oubli. Voici néanmoins un amuse-bouche :
L'argent commande à la vie. C'est la règle, ratifiée par le plus grand nombre : gagner plus pour vivre mieux. Moi, un brin prétentieux, j'ai tenté de renverser le rapport : d'abord vivre, donc s'accomoder de vivre avec peu d'argent. Il m'en cuit encore.
Cela vogue ainsi dans les mêmes eaux silencieuses des grands auteurs taiseux Gracq, Leiris, Blanchot et de quelques autres discrets. Il a des humeurs, lesquelles sont généralement sombres, mais cela n'en fait pas un bilieux pour autant, disons qu'il donne dans la spleenuosité, comme d'autres dans la superficialité. Il lit beaucoup, aime peu, mais avec discernement, commente mais ne résume pas les auteurs, et nous confie sa pratique :
Il y a un côté météo dans mes achats de livres. Ils n'ont lieu que des jours de pluie ou de brume ou de neige, tous ces horizons sécrétant un je-ne-sais-quoi qui incline mon esprit vers la méditation et enrichit une sorte de climat spirituel. C'est un peu comme si acheter des livres équivalait en moi à un soleil qui ne saurait tolérer la présence de l'autre.

Chaque achat de livres, c'est un bail de quelques jours que je signe avec l'amour de la vie.
À l'évidence il ne s'est jamais procuré de livres de Mlle Bombardier*, mais je crois que vous saisissez son point de vue. Entre les lignes, on trouve tout un art d'écrire, et quel style, qu'on aimerait plus généralisé, mais que, in petto, on est égoïstement content de voir si rare, ce qui nous le rend si précieux.

Il est aussi question, un peu, quand même, du temps qu'il fait, et qui passe. Et aussi de son chat. Quelqu'un qui écrit aussi bien sur les chats ne peut être que bon, aussi, que vous soyez allergiques ou non à ces petites bêtes, n'hésitez pas.

André BLANCHARD, Entre chien et loup, Le dilettante, Paris, 2007 (128 pages) édition augmentée, première édition parue en 1989.

* Mlle Denise Bombardier est une dame de Très Grande Vertu qui billettise dans un Très Important Quotidien de Montréal et commet, pour le plus grand bonheur d'un public choisi, des livres qui constituent d'excellents manuels d'anti-français.


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Citation

Je suis un peu, été oblige, en panne non de lecture, mais de choix. Je suis donc retourné à mon livre par défaut, ou plutôt, mon oeuvre : À la recherche du temps perdu. Et j'ai repris Albertine disparue. En parcourant les notes (de l'édition Tadié de la Pléiade), je suis tombé sur la citation suivante, de Mallarmé, que je m'empresse de partager avec vous, car elle me semble, comme l'écrirait notre cher petit Marcel, capitalissime :
Le monde est fait pour aboutir à un beau livre.

mercredi 11 juillet 2007

Toute affaire cessante...

Allez écouter l'impériale Moreau, en direct du festival d'Avignon, dans le cadre de l'émission de Frédéric Mitterrand, Ça me dit, l'après-midi :

France Culture

Et mourir de plaisir... Un jour, peut-être, je partagerai un souvenir avec vous.


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Entre chien et loup


André BLANCHARD, Entre chien et loup, Le dilettante, Paris, 2007 (128 pages) édition augmentée, première édition parue en 1989.

Ayant perdu le temps que vous savez à lire ce que vous savez, ce qui m'a toutefois donné l'occasion d'un salvateur coup de tabac, je n'ai pas eu l'occasion de vous parler plus tôt de merveilleux livres d'un auteur que j'ai pris grand plaisir à découvrir en mai et juin.

Pour l'heure je vous laisse sur l'incipit, comme d'habitude, et vous reviens un peu plus tard :

Tout le monde ne peut pas s'appeler Marcel

On ne voit pas le temps passer, disent les gros bras de l'agitation; s'il en allait ainsi de l'écrivain, les muses le révoqueraient pour intelligence avec l'ennemi.
Et pourtant, c'était hier, il me semble, que j'expédiais cette première tournée de Carnets à un éditeur qui se montait en ménage, sans dot, qui hasardait petits tirages et petits volumes pour se faire les reins, et dont le nom fût allé au mioche comme réponse lorsqu'on l'enquiquinait avec ce qu'il voulait faire quand il serait grand :

- Dilettante, na !

L'être, dilettante, aura été de soi chez moi qui, dès l'époque des culottes courtes, ne me sentais aucun atome crochu avec une vie pour de vrai; et c'est en toute logique qu'à mes débuts, griffonnant au brouillon des notes dont j'ignorais qu'elles seraient comme les ancêtres des Carnets, j'avais placé cela sous le titre : En dilettante. C'est un mot qui ménage la gravité non sans tenir en respect son excroissance, qui est de se prendre trop au sérieux - il y a des avant-gardes pour ça. Et c'est un mot qui réfute l'idée de carrière : la littérature est une dame avec qui on batifole et fait le fou, et non pas, selon le vocabulaire des va de l'avant et de la gueule, une «opportunité», dont trop se servent afin de rentabiliser une ambition. Que font les lecteurs ?

- Peut-être qu'ils achètent plus qu'ils ne lisent.

Ce que postillonnait Danton, de l'audace ! j'en eus à l'époque, en ce mois de juin 1988, car proposer à la publication ce genre d'écrits par lesquels d'habitude on finit, c'était bien saugrenu, une idée de jeunot qui n'a pas froid aux yeux. Corrigeons illico le crâneur : si je pouvais faire valoir de la verdeur, celle d'une plume benjamine, j'étais de la branche vocation tardive, la trentaine déjà étrennée.
J'espère que sans attendre cette mise en bouche vous donnera envie de passer, sinon à table, du moins chez votre libraire pour commander le livre (vous ne le trouverez pas sur les tablettes, c'est promis, d'aucun renault-bric-à-brac ou autre échoppe à la PKP).

Une petite distraction

Je ne résiste pas à la tentation de vous recommander le billet de Delfeil de Ton dans le Nouvel Obs de cette semaine. Le dernier, avec une pensée pour tous les « accomodants raisonnables » d'ici et d'ailleurs :

La foi qui sauve

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Plasticité du cerveau

La télé, parfois, peut ne pas être totalement dépourvue d'intérêt, témoin l'émission de TVO, The Agenda with Steve Paikin, où j'ai vu une interview avec le Dr Norman Doidge, à la suite de laquelle je me suis procuré, à la bibliothèque, son plus récent ouvrage.

Selon lui, contrairement à ce que l'on pensait encore récemment, le cerveau présente une grande plasticité et, dans une certaine mesure, pourrait se regénérer. Pour les quinquas, dont je suis, la diminution ou la perte de leurs facultés mentales (pour peu, of course, qu'ils en aient) est un sujet de préoccupation.

En un mot, il ne faut désespérer de rien. La théorie est plaisamment argumentée par l'auteur, le plus souvent à partir de cas rencontrés dans sa pratique. Une lecture agréable, en conclusion, me reste à m'abonner à un gym du cerveau !

Le lien suivant vous conduira à la page de l'auteur.

Norman Doidge, M.D. | The Brain That Changes Itself

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Dans la foulée, j'ai lu Féminin, masculin : mythes et idéologies, publié sous la direction de Catherine Vidal en 2006 aux éditions Belin, lequel veut en finir avec idées reçues et préjugés déterministes du genre : le cerveau de l'homme est plus grand, le cerveau de la femme est moins volumineux, donc... la nature exige que... L'être humain échappe, dans ses comportements, au déterminisme biologique, nous avons tous un cerveau unique, et plastique.


samedi 7 juillet 2007

Les bienveillantes

J'ai été ces dernières heures fort occupé. Heures qui m'ont semblé des années. Pas occupation du genre loisir, mais comme la France, et quelques autres contrées, ont subie cinq ans durant.

En un mot, j'ai achevé la lecture des aventures du brave SS Oberstrumpbannführer Dr Max Aue. Laquelle m'a, en effet, achevé.

Neuf cent pages d'une longue confession qui se résumerait par un refrain populaire : Non, rien de rien, non je ne regrette rien. On pourrait alors s'étonner que ce pavé, à peine écrit pourtant, ait fait tant de vagues dans la mare littéraire française. La concurrence était-elle si faible ?

Pour moi, je conseillerais n'importe quel ouvrage historique sur la débâcle du Reich ou, pour les oisifs informatiques, une recherche sur Wikipedia plutôt que de s'infliger cette lecture. Le masochisme a des limites, et on prend conscience du temps perdu qui aurait été avantageusement consacré à la lecture de n'importe quoi d'autre, et même des romans de la demoiselle Bombardier, c'est dire.

Résumons tout de même pour le curieux : notre apprenti SS, qui prendra du galon en cours de route, se dévouera à mettre en oeuvre la solution finale, mais sous son angle pratique et, partant, selon lui, nullement antisémite : le juif est de trop, mais il peut néanmoins être vu comme une force de travail dont le Reich saurait tirer parti. Le juif et quelque autres, comme nous l'apprendrons à l'exposé, maintes fois répété, de sa philosophie. S'il y a de la besogne à abattre, autant que l'ouvrage soit bien faite.

Pour pimenter le récit, il y aura le récit de quelques aventures homosexuelles et incestueuses, et un semblant d'intrigue policière, l'intéressé ayant, au passage, occis mère et (beau) père, négligeant toutefois deux jumeaux dont il y a tout lieu de croire qu'ils sont de lui et de sa soeur. Beaucoup de tirades sexuellos-oniriques, un zeste de scato complétant la chose.

Le brave homme, je révèle ici -- sans regret aucun -- la conclusion : s'en tire, et de Berlin en ruines, en assassinant son meilleur ami et en dépouillant celui-ci de l'uniforme qu'il avait lui même pris à une de ses victimes. La guerre engendre les héros que l'auteur peut, « frères humains », c'est sa thèse, nous aurions tous fait pareil.

Un mot, quand même, sur le comment ; je ne comprends pas comment la critique n'a pas vu les ficelles qui animent les personnages fictifs, ceux-ci se mêlant à des personnages réels, ni les retournements et rebondissements cousus de fils blancs de l'intrigue, jamais je n'aurai vu tant de deus ex machina surgir, comme autant de pantin, de cette boîte.

Moi, je regrette profondément d'avoir lu ce livre, et m'en veux de n'avoir pas mis en pratique la leçon de Pierre Bayard (voir l'article qui lui est consacré) dans Comment parler des livres que l'on a pas lus ?

Jonathan LITTELL, Les bienveillantes, Gallimard, Paris, 2006 (907 pages).

jeudi 5 juillet 2007

Le Festival de Cannes

Un peu plus tard, le jour étant venu, je termine à la terrasse d'un café du centre-ville, que mon imagination peine à transporter sur la Croisette, la lecture du narré de la version intime des douze jours de la version 2006 du Festival de Cannes.

Lequel me semble bien plus réussi que le précédent La mauvaise vie, que j'avais néanmoins recommandé à mes amis. Où l'on suit les jours et les nuits, les premiers se passant pour l'essentiel à la seule lumière des projections, l'auteur en « satellite mineur » d'une constellation de vraies et de fausses étoiles qui nous ouvre, comme autant de poupées russes, sa boite à souvenirs de cinéphile et d'amoureux perpétuellement déçu.

De projections en soirées, de strass en paillettes, « Vous ne trouvez pas qu'ils sont tous effroyablement vulgaires ? », c'est un monde à la fois illusoire et cruel qui nous est dévoilé, Mitterrand n'épargnant pas Frédéric, avec une perversité qui, à la longue, m'a paru un peu complaisante, mais tellement élégante, que j'hésite devant les passages à citer.

Élégance dans la cruauté qui lui fait prêter à un tiers -- son fils pourtant -- un coup de griffe à Gérard Depardieu pour sa prestation dans Quand j'étais chanteur, lequel n'est plus « qu'un gros bateleur qui s'agite sur l'écran en déplaçant des volutes de poussière ».

Et c'est avec lucidité qu'il constate que de tous ses bagages, c'est sans doute la valise à regrets qui, au bout du compte, importe le plus quand s'éteint le dernier projecteur.

Pour moi, c'est le retour au pesantes et si mal nommées Bienveillantes...

Frédéric MITTERRAND, Le Festival de Cannes, Robert Laffont, Paris, 2007 (257 pages)

Nocturne

Choisissant, comme l'auteur, de « considérer la frivolité comme une affaire sérieuse », j'ai largement entamé le récit de Frédéric Mitterrand, qui m'accompagne bien avant dans ma nuit d'insomnie l'éclairant de sa constellation d'étoiles personnelles, plus ou moins scintillantes, qui ont pour nom Silvana Pampanini, Melina Mercouri ou Rita Hayworth.

La mélancolie, ce grain de sable dans la chaussure Prada, nous rappelle l'ombre cruelle qui entoure la zone éclairée par les projecteurs :
On met tellement de temps à devenir adulte, c'est toujours trop tard et la vie se venge en nous infligeant des peines qui ne s'effacent pas et des remords affreusement amers. On peut se bricoler de bonnes raisons, elles ne tiennent pas, ce ne sont que des tentatives d'évasion et on finit par être rattrappé.
Frédéric MITTERRAND, Le Festival de Cannes, Robert Laffont, Paris, 2007 (257 pages)

mercredi 4 juillet 2007

Sur la table


Reçu aujourd'hui de la bibliothèque, où je l'avais commandé :

Frédéric MITTERRAND, Le Festival de Cannes, Robert Laffont, Paris, 2007 (257 pages)

Bienvenue sur le site des Editions Robert Laffont
Après avoir réussi à faire du premier volet de son « autobiographie » une véritable œuvre littéraire ET un best-seller, Frédéric Mitterrand nous en offre aujourd’hui une autre variation. Cette fois, il nous emmène à Cannes, lors du dernier festival, point de départ de ce nouvel opus : un « Étoiles et toiles » intime où l’on croise Anna Magnani et Pedro Almodóvar, Rita Hayworth, John Huston, Wim Wenders et Jean-Luc Godard et tant d’autres. La magie du cinéma, mêlée à la « mauvaise vie » d’un homme qui écrit pour « se consoler comme il peut de ses remords »…

Invité à présider un jury d’enseignants autour de l’édition 2006 du Festival, Frédéric Mitterrand est retourné presque incognito à Cannes, où il ne venait plus depuis des années. Durant cette Quinzaine, il est allé voir tous les films en compétition, a renoué, pas dupe, avec les petits rituels et le « grand cirque » de la Mecque du cinéma. Journée après journée, il nous en livre ses carnets secrets : rencontres, impressions, portraits de telle ou telle personnalité, réflexions de cinéphile ; mais aussi les souvenirs, très personnels, que mémoire et mélancolie réveillent en lui.

Sous les paillettes du Festival, que cet amoureux du cinéma dépeint avec son regard à la fois ultrasensible et acéré, on retrouve le grand écrivain de La Mauvaise Vie. Une absolue liberté de ton et de pensée, cette manière, qui n’est pas une affectation, de ne jamais être « politiquement correct ». La crudité des confessions, et l’extrême délicatesse des sentiments à l’égard d’immenses personnalités comme de ces « garçons » inconnus qui peuplent ses rêves sans combler sa solitude. Et, bien sûr, son style inimitable.




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lundi 2 juillet 2007

Irritation bis

Entendu à l'émission Répliques d'Alain Finkielkraut, sur France Culture, l'animateur s'interroger sur la valeur littéraire de Les bienveillantes. Et se poser la question suivante, à juste titre : certes le livre s'est vendu, et a été couronné de prix divers, mais est-il lu ?

Pour moi, je m'obstine à continuer la lecture, mais sais d'ores et déjà que, s'il s'agit d'un roman, ce n'est certes pas une oeuvre. M'est avis qu'il faudra attendre le prochain titre, lequel sera sans doute très médiatisé, las, au détriment de véritables auteurs, pour parler d'un premier roman...

Est-elle donc telle la fascination de la France, ou d'un certain milieu parisien, pour les États-Unis qu'elle en soit rendue à importer sa littérature d'outre-Atlantique ?

Irritation

Je poursuis, agacé comme jamais, la lecture des aventures du SS-Obersturmbannführer Dr. Max Aue dans son interminable récit de la grandeur et décadence du IIIe Reich. Il y a dans ce texte au moins assez d'acronymes pour rédiger un ouvrage d'un bon volume, et pourquoi pas un roman ?

Pour une fois je suis d'accord avec le personnage, ce qui me donne espoir, arrivé à la page 719 :
... je vous l'ai dit, je fatigue, il faut commencer à en finir. (...) Vous voyez, je pense à vous aussi, pas seulement à moi, un petit peu en tout cas, il y a bien sûr des limites, si je m'inflige autant de peines, ça n'est pas pour vous faire plaisir, je le reconnais, c'est avant tout pour ma propre hygiène mentale, commme lorsqu'on a trop mangé, à un moment ou à un autre, il faut évacuer les déchets, et que cela sente bon ou non, on n'a pas toujours le choix; et puis, vous disposez d'un pouvoir sans appel, celui de jeter ce livre et de le jeter à la poubelle, ultime recours contre lequel je ne peux rien, ainsi, je ne vois pas pourquoi je prendrais des gants.
Ne trouvez-vous pas cela un peu adolescent attardé ? Pour moi, si. Mais c'est un bon exemple de la « psychologie » du bon docteur. J'y reviendrai.