dimanche 9 décembre 2007

Roupie de sansonnet

Pierre SAMSON, Alibi, Leméac Ici l'ailleurs, Ottawa, 2000 (102 pages); Catastrophes, Les herbes rouges, Montréal, 2007 (222 pages)

Sachant qu'il abhorre les calembours, je ne résiste pas, si tant est qu'il lira un jour ces notes, à choisir ce titre pour mon billet. Deux livres d'un coup, prêtés par un ami (à qui je n'en tiendrai pas rigueur), Alibi, une sorte de récit-pamphlet, et un roman, Catastrophes.

J'avoue n'être pas fort amateur de Pierre Samson, dont j'avais lu, du temps de ma gloire radiophonique, un ou deux des titres de sa trilogie dite de Belem. Prose adjectivue et adverbeuse, grasse comme une pelouse de banlieue, avec nain de jardins et piscine hors terre en prime. Bourgeoise en somme.

« Je suis romancier et fier de l'être. »
Cette affirmation, tirée d'Alibi, nous présente l'auteur posant en statue. Et en admiroir de soi. On est loin de l'éthique malraucienne « l'homme est ce qu'il fait ». On est romancier, comme d'aucuns sont blancs ou noirs, juifs ou mulusmans, maigres ou obèses : une affaire d'identité. L'oeuvre, tout comme l'État pour Louis XIV, c'est moi. Hors d'atteinte, en toute splendeur. Et c'est fou comme il s'admire notre Samson : au livre qui se lit d'une seule main, il substitue celui qui s'écrit d'une seule main. Pour son plus grand plaisir; celui du lecteur, peut lui chaud, l'auteur est dans l'oeuvre, dans l'Art (avec subventions, sinon force ventes ou reconnaissance.... d'où son ire, mais tel est le système).

Loin également le mépris malraucien pour « le tas de misérables petits secrets », tant qu'à être « aux mots, comme il disent », on ne nous épargnera ni le détail de l'origine familiale déclassée ni le mépris de tout ce qui fleure la France. Oeuvre suis, je m'aime, je me suis. On aura compris que les préférence le portent du côté de la forme (et pourtant...) non de l'histoire, Stendhal connaît pas, vive Zola.

Le plus amusant est la diatribe contre les téléromans, quand on sait que, quelques années à peine après Alibi, viendra Cover Girl présenté à la SRC. Mais, quand on est romancier, on est au dessus de tout cela.

Pour Catastrophes, au titre tout à fait indiqué, j'avoue avoir pratiqué les leçons de Comment parler des livres que l'on n'a pas lus de Pierre BAYARD... j'ai eu la lecture diagonale et éparpillée. Mais je m'abstiendrai d'en parler.

Sauf à vous le recommander pour que vous constatiez comment une prose peut être à la fois, saluons Talleyrand, suffisante et insuffisante.

Tout cela m'aura quand même permis, à la fin et enfin, le plaisir de citer Sacha Guitry :
Avoir le sens critique, c'est porter le plus vif intérêt à un ouvrage qui, justement, vous paraît en manquer.



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