mercredi 24 septembre 2008

Première

Simon LEYS, Le Bonheur des petits poissons : Lettres des Antipodes, Jean-Claude Lattès, Paris, 2008 (213 pages).

Une première pour moi, aujourd'hui, j'ai emprunté mon premier livre à la TGB (non, il ne s'agit pas de la Très Grande Bissonnette...), à laquelle je me suis inscrit une fois réunies les preuves de résidence requises. De nouveau Montréalais, après 27 ans. Voici l'ouvrage en question. Je l'entreprends toute affaire cessante.

Voici la note de présentation de l'éditeur :

Zhuang Zi et le logicien Hui Zi se promenaient sur le pont de la rivière Hao. Zhuang Zi observa : " Voyez les petits poissons qui frétillent, agiles et libres ; comme ils sont heureux ! " Hui Zi objecta : " Vous n'êtes pas un poisson ; d'où tenez-vous que les poissons sont heureux ? - Vous n'êtes pas moi, comment pouvez-vous savoir ce que je sais du bonheur des poissons ? - Je vous accorde que je ne suis pas vous et, dès lors, ne puis savoir ce que vous savez. Mais comme vous n'êtes pas un poisson, vous ne pouvez savoir si les poissons sont heureux. - Reprenons les choses par le commencement, rétorqua Zhuang Zi, quand vous m'avez demandé "d'où tenez-vous que les poissons sont heureux" la forme même de votre question impliquait que vous saviez que je le sais. Mais maintenant, si vous voulez savoir d'où je le sais - eh bien, je le sais du haut du pont. "

lundi 22 septembre 2008

Entre parenthèses

Julien GRACQ, Entretiens, José Corti, Paris, 2002 (317 pages).

Trouvé à la belle librairie de la rue de Laroche, Bonheur d'occasion, ce recueil d'entretiens donnés par Julien Gracq de 1970 à 2001.

J'ai beaucoup apprécié les commentaires sur l'écriture et le roman, ainsi que sur la littérature; mais j'ai été particulièrement étonné pas le grand intérêt de Gracq pour l'oeuvre de Jules Vernes, et son intime connaissance de l'oeuvre de celui-ci.

À l'évidence, ce livre s'adresse en premier à qui est un peu familier de l'oeuvre de ce discrèt géant des lettres françaises. Ce qui me permet de vous recommander, comme je le fais constamment à mes amis, Le rivage des Syrthes.

jeudi 18 septembre 2008

Rentrée bis

« Cette impression jamais atteinte de profusion, de gigantisme, de métastase devant la production romanesque de la rentrée, cette sensation, si splendidement résumée par Jean Paulhan, de lire des " livres-que-c'est-pas-la-peine ", en voici, lumineuse comme l'éclair sur fond de nuées grises l'explication !

Les candidats aux prix d'automne, si brillants qu'ils se montrent, si émus, si impatients de s'exprimer, ont terriblement l'air de concourir à date fixe, de tâter du roman parce que c'est l'époque et le moment, de publier pour la seule raison que leur position dans l'édition ou les médias leur en donne le droit, pour calmer un ego en manque d'image d'artiste... »

Ceci a été publié le 18 septembre dans Le Monde. Le 18 septembre 1987 ! Écrit par Bertrand Poirot-Delpech.

Il m'arrivant, avant Internet, de découper des articles dans les journaux. Celui-ci est tombé du roman dont il est la critique, Ève, de Guy HOCQUENGHEM. Livre que je replaçais dans ma bibliothèque selon l'ordre alphabétique que j'avais, en vidant les boîtes, un peu malmené.

Vingt-et-un ans tout juste.

Sur le coup, vous connaissez mon sentiment sur l'agitation de la rentrée, j'ai décidé de le relire. Je m'en souvenais, l'histoire n'est pas banale, mais le titre de l'article de BPB, comme on l'appelait parfois, a piqué ma curiosité : « Enfin un roman nécessaire ! »

Hormis quelques gadgets techniques -- introduisez l'omniprésence du téléphone, et le récit est chamboulé --, il ne semble pas avoir vieilli. Au contraire.

Après une cinquantaine de pages, c'est comme s'il était tout neuf. C'est dire, aussi, que je le suis un peu moins. Je vais donc délaisser un peu Onfray pour ce roman. À suivre, comme on dit parfois.

Guy HOCQUENGHEM, ÈVE, Albin Michel, Paris, 1987 (321 pages) (L'édition de poche date de 1992, il y a eu une nouvelle édition en 2000)

lundi 15 septembre 2008

Rentrée


La littéraire se fera sans moi cette année, ni l'un ni l'autre ne s'en porteront plus mal j'en suis certain. Les auteurs d'élevage lanceront leurs produits et, tandis que le quidam s'émeut d'une bactérie dans son fromage, il ne s'inquiète guère des nullités qui s'empileront sur les étals des marchands avant de finir au pilon.

Ne croyez pas que je succombe à une crise profonde d'acédie, comme écrirait le très atrabilaire Jean Clair, nenni. Je suis tout au bonheur, délaissant les affres de mon installation constamment différée, de redécouvrir Montréal, le parc Lafontaine, la Grande Bibliothèque (les petits peuples ayant peu de moyens ont l'épithète emphatique), quelques authentiques librairie et le plaisir de la déambulation dans un quartier que j'apprends à connaître.

Mais surtout, j'ai appris qu'on me lisait. Une âme charitable m'a confié avoir parcouru ces lignes.

Un lecteur avoué ! Du coup j'ai décidé de reprendre du clavier et de partager mes notes de lecture.

Pour l'heure, je fais du rattrappage :

Michel ONFRAY, La lueur des orages désirés - Journal hédoniste 4, Grasset, Paris, 2007 (341 pages)

Onfray, c'est Onfray. Le poisson rouge qui pense en dehors du bocal, et c'est plutôt rare. On redonne dans l'athéologie, il n'est pas inutile d'y revenir encore et toujours, pour apprendre, fait « incontournable », que l'on vit avec un squelette, et que le squelette n'a pas d'avenir sur la terre comme aux cieux.

J'y reviendrai.