samedi 11 décembre 2010

Carnet d'adresses

Didier BLONDE, Carnet d'adresses, L'un et l'autre - Gallimard, Paris, octobre 2010 (117 pages).

« Chaque fois que je rencontre dans un roman l'adresse d'un personnage, troublé, j'hésite, suspends ma lecture, m'arrête. J'examine dans tous les sens cette carte de visite qui m'est présentée, l'air de rien, comme une invitation. L'auteur me fait signe, c'est là qu'il me donne rendez-vous, il faut que j'aille y voir. »

Vous n'ignorez pas, qui me suivez sur ces pages éthérées, combien j'aime la collection L'un et l'autre. Cette brève suite de récits, autant d'adresses, autant de chapitres, est arrivée chez mon libraire il y a quelques semaines déjà, et m'a procurée de très bons moments de lecture. Cela valait bien, le soleil en moins, toutes les Caraïbes et tous les Pacifiques touristiques.

 Imaginez : vous découvrez que vous habitez à quelques numéros du  95, rue Charles-Lafitte, l'adresse Arsène LUPIN ! Plus tard, vous découvrez que dans la propriété qui jouxte, sur l'arrière, cet immeuble a vécu la sueur de l'auteur, Maurice LEBLANC. Le pavillon des muses, au 96, boulevard Maillot. Vous découvrez en outre qu'au moment même où LUPIN commençait sa carrière, vivait à cet endroit Robert de MONTESQUIOU, ami intime de Marcel PROUST, qui aurait servi de modèle au baron de CHARLUS. Réalité, littérature : l'imagination part au galop.

Qui dit adresses, à  Paris, dit Patrick MODIANO. Le 45, rue de Courcelles, où est passé Ambrose GUISE, le héros de Quartier perdu. Dans le même appartement où, de 1900 à 1906 a habité la famille PROUST. Là encore où emménage, dans le roman Du côté de Guermantes, le petit Marcel, le narrateur de la Recherche du temps perdu.

Autre adresse, que j'ai moi-même cherchée lors d'une de mes promenades du côté de la montagne Sainte-Geneviève, le 24, rue Neuve-Sainte-Geneviève : la pension VAUQUER. La rue s'appelle maintenant Tournefort, la maison, une pension bourgeoise, n'existe plus, mais vous retrouvez la description de BALZAC : « là où le terrain s'abaisse par une pente si brusque et si rude que les chevaux la montent ou la descendent rarement. ». Allez-y voir, grâce à Google Map : il faut bien que l'informatique soit utile.

Poursuivant votre parcours littéraire, vous trouverez l'adresse d'Alphonsine DUPLESSIS qui, demi-mondaine oubliée, survit sous les noms de Marguerite GAUTIER ou Violetta VALÉRY, selon que vous fréquentez DUMAS ou VERDI. Et combien d'autres...

N'hésitez pas à partir, vous aimerez votre promenade.

Écoutez quelques extraits sur France Culture : Fiction - micro-fiction

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