vendredi 28 octobre 2011

L'enfance aux livres - souvenirs

Pour autant que je me souvienne, Les malheurs de Sophie auront été mon livre primordial. Celui par lequel je serai tombé dans les livres et, par eux, les mots. Il y aura bien eu des livres préhistoriques, des bandes-dessinées d’autrefois, sans phylactères, les aventures du canard Gédéon, celles du chat Félix, vieux albums français ayant appartenu, par ordre de primogéniture,  à mon père, après son frère ainé,  avant que ma tante, sa sœur, ne les leur confisquât, comme, des années plus tard, la mienne avec mes premiers Tintin, donnés par la tante de ma mère, et marraine de ma sœur, fondamentale querelle d’appropriation, de laquelle les objets de mon culte, qui en était encore à ses prémices, ne sortirent pas indemnes, marqués à jamais par un crayon enfantin et iconoclaste, laquelle, je le reconnais – il lui sera beaucoup pardonné – n’avait toutefois pas encore atteint l’âge de raison. Tout cela bien avant la lecture; du moins avant la lecture des mots, car je suis certain que celle des images occupait tout autant mes après-midi chez ma grand-mère paternelle que la télévision ou l’ordinateur retient celle des gamins d’aujourd’hui. Et me reliait, mais en partie seulement, à un monde surnaturel : à l’évidence, il se passait quelque chose dans cette étrange boîte dont le couvercle s’ouvre vers la gauche et qui n’a pas vraiment de fond.

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