lundi 23 janvier 2012

L'élimination

Rithy PANH, avec Christophe BATAILLE, L'élimination, Grasset, Paris, janvier 2012 (336 pages). Support papier + EPUB.

Comme ce livre n'arrivera pas sur nos rives avant plusieurs semaines (mois...), j'ai téléchargé sur ma liseuse Kobo l'extrait gratuit (vingt pages) disponible à partir de la page de la librairie ePagine.

J'ai vécu un an au Cambodge dans les années quatre-vingt dix, j'ai vu le centre de torture, le camp S21, dont il est question, les ossuaires. On ne peut pas comprendre, j'hésitais à poser des questions à mes collègues de travail, à mon professeur de Khmer, à mes voisins. On me demandait souvent, quand on me rencontrait, si j'avais encore mes parents, « vous êtes chanceux » répliquait-on à ma réponse affirmative. J'en ai su à peine plus de Som Saumuni, mon professeur de Khmer. Je n'ai pas pu en demander davantage. Mais je sais que, en vertu de la politique de réconciliation nationale, plusieurs cadres ou fonctionnaires du régime étaient encore et toujours au sein de l'administration, mêlés au sein de la population.

Il y avait déjà eu Le portail de François BIZOT, prisonnier des Khmers rouges pendant trois mois en 1971, qui raconte sa détention et sa rencontre avec Duch, qui sera le responsable du camp S21.  

L'élimination est notamment le récit de la rencontre de Rithy PANH avec le bourreau de milliers de Khmers.

« Duch me dit de sa voix douce : " À S21, c'est la fin. Plus la peine de prier, ce sont déjà des cadavres. Sont-ils des hommes ou des animaux ? C'est une autre histoire" »

« Les prisonniers ? c'est comme un bout de bois. [...] On n'a pas peur de leur faire du mal. On n'a pas peur pour notre karma. »
Présentation
« "A douze ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s'alimenter. Ma mère, qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et mes neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmère rouge. J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien."

» Trente ans après la fin du régime de Pol Pot, qui fit 1.7 millions de morts, l'enfant est devenu un cinéaste réputé. Il décide de questionner un des grands responsables de ce génocide : Duch, qui n'est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille sa légende.

» L'élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Un grand livre sur notre histoire, sur la question du mal, dans la lignée de Si c'est un homme de Primo Levi, et de La nuit d'Elie Wiesel. »

Aucun commentaire: